Conversations durant la journée Bien-être
Le lundi 8 octobre 2018,
l'association Regart's organisait une Journée Bien-être et santé.
Une ambiance bienfaisante,
un public de tous âges,
L'occasion se révélait propice à converser avec les femmes de l'espace public.
La Cité Côté Femmes
y a tenu un espace à ses couleurs...
Globalement, aucune ne se disait vraiment satisfaite des conditions dans lesquelles elles pouvaient circuler dehors. Les sentiments d'appréhension, de gêne, de peur dominent. Mais non motivés par les mêmes choses pour tout le monde.
Les aînées parlent d'insécurité, en particulier le soir, où elles sortent pourtant peu. "Le soir, on n'est jamais tranquille." Elles pensent que les agressions, la violence, ont augmenté, ce dont elles accusent la société "malade." "Ça a changé, pas en bien pour les femmes", affirment plusieurs. Pour reconnaître ensuite que les hommes d'"avant", déjà, investissaient plus hardiment la rue que les femmes. "L'homme a toujours été supérieur à la femme", lâche même une dame, un peu gênée d'avoir involontairement présenté la supériorité comme effective. Pourtant, elle affirme que les temps ont changé et qu'il faut "mettre les jeunes filles en garde" et les encourager à défendre leurs droits. Ces jeunes-filles ne doivent cependant pas "chercher les problèmes", autrement dit ne pas porter de jupe le soir, "faire attention", en somme renforcer les barrières face à la menace.
Les jeunes femmes se montrent moins effrayées et soulignent que "les garçons nous embêtent". Par "embêter", il faut entendre les regardent avec insistance, leur font des commentaires indésirables, qu'ils soient flatteurs ou agressifs. Difficile de les éviter car il y en a partout. "Les garçons ne veulent pas parler avec les filles", déplore une jeune femme qui regrette leur manque d'ouverture. Cette séparation des sexes, très prégnante dans certains quartiers, ne viendrait non pas des femmes mais des hommes.
Comment réagir ? Beaucoup affirment qu'il ne faut "pas se laisser faire", même si en cas de résistance, "ça peut déraper". "Garder la tête haute", malgré la provocation. "Ignorer, c'est parfois la meilleure réponse." Toutes savent ne pouvoir compter sur personne :"Les gens restent passifs. Ils ont peur des représailles." Alors elles se prémunissent, effectivement, en se couvrant les jambes, en sélectionnant une station de tramway tranquille, en se rapprochant de personnes qui leur paraissent fiables. Quant aux toutes jeunes qu'on accuserait de "traîner", elles rentrent chez elles. Version optimiste d'une jeune femme : "Elles sont plus matures. Elles ont des choses à faire, des projets."
Si une femme déclare fermement que "ce sont les gens qui doivent changer", la plupart attendent une amélioration des services publics. Dans le sens de la répression, la surveillance renforcée, surtout de certains endroits où l'alcool, souvent accusé comme responsable de mauvaises conduites, est fortement consommé. Pour les plus âgées, la "bonne éducation" est la clef du changement. "On mérite tous le respect", voici le principe primordial que l'on devrait inculquer. Quant à dire ce qui pourrait favoriser l'aisance des femmes au quotidien sur l'espace public, cela leur demande réflexion.