Ramer mixte
"Plus jeunes les garçons sont habitués à se sociabiliser avec des filles et à les respecter comme ils se respectent entre garçons, moins il y aura de problèmes de violences plus tard", affirme Cyril, moniteur d'aviron. Voilà pourquoi le club où il exerce a créé une équipe mixte.
Au Club Léo Lagrange Nantes Aviron*, sur les bords de l'Erdre, des jeunes de 12 à 14 ans, garçons et filles, ont ramé ensemble au sein d'une même équipe, durant toute la saison 2016-2017. Certain.es s'étaient entrevu.es dans le même collège; la plupart ne se connaissaient pas. Elles/ils ignoraient qu'elles/ils allaient faire partie d'un équipe mixte, la première du Club. La création de cette équipe venait du souhait de donner leur chance aux filles, plus rares dans l'aviron, souvent trop rares pour que des équipes féminines soient constituées durablement et "s'accrochent" jusqu'au championnat de France. Les filles se sentaient "mises à l'écart", la mixité a résolu le problème. L'équipe a fini troisième en finale de sa catégorie, "ce qui est bien pour des jeunes qui ont huit, neuf mois d'aviron".
L'aviron est ouvert aux femmes comme aux hommes, aux filles comme aux garçons. Mais la plupart des équipes sont sexuées. En principe, les mâles sont "plus costauds, plus véloces". Mais selon Cyril, "ça n'est pas visible chez les jeunes. Les filles peuvent aller aussi vite que les garçons. Au contraire, si la/le sportif.ve est plus léger.e, elle/il est plus véloce. En fait, tous les sports sont faits pour tous les genres !" Cette évidence est trop rarement rappelée. Même si elles en sont conscientes, les rameuses ne se sentent pas toujours à l'aise dans un univers majoritairement masculin. La Fédération française d'aviron encourage la pratique féminine. Pour les jeunes filles qui ont commencé la leur dans une équipe mixte, le problème ne devrait plus se poser.
Pour les jeunes, il n'y a, affirme-t'elles/ils, rien d'extraordinaire à la mixité, une habitude connue depuis au moins les débuts de leur scolarité. "C'est pareil, on s'entend ou on ne s'entend pas". À mieux y réfléchir, elles/ils admettent que "les conversations ne sont pas les mêmes". On se parle différemment, selon que l'on se trouve entre personnes de même sexe, ou dans un groupe mixte. Sans que cela ne génère de frustrations. La plupart des huit jeunes de l'équipe ont déjà pratiqué un sport. Certaines pratiques restent rebelles à la mixité. Par exemple, la gymnastique rythmique ou la danse, racontent celles qui y ont goûté. "Les garçons pourraient venir... mais non." D'où viennent les empêchements ? Certainement pas des jeunes, qui ne voient aucun inconvénient à ouvrir toutes les portes. Mais avant qu'elles/ils aient pu émettre leur opinion, des adultes les ont déjà fermé à double tour. D'où l'importance du volontarisme pour en finir avec les préjugés qui empoisonnent la vie des jeunes... et des autres.