Le dimanche, on danse
Jadis, traditionnellement, les dimanches après-midi, on fréquentait les bals. Il y en avait de nombreux, très animés par des familles entières. Ils ont disparu. Mais à Bellevue, ils renaissent. Beaucoup de femmes seules sur la piste. Qu’à cela ne tienne : elles dansent ensemble.
Dimanche matin, 9 h. Des bénévoles arrivent au CSC de Bellevue, rue du Jamet, pour préparer les gâteaux. Les danseuses et les danseurs les dégusteront durant la courte pause du bal qui se déroulera, ce dimanche 11 juin, de 15 h à 18 h, comme d’habitude. L’occasion se renouvelle trois fois l’an, six fois en comptant le Centre des Dervallières non loin, associé dans cette initiative. Les dates des bals ne se chevauchent pas et cela répond aux souhaits des habitant.es du quartier : sortir les dimanche, où « il ne se passe rien », retrouver des connaissances, bouger, bavarder, savourer le moment. Sans dépenser une fortune, puisque l’entrée se monte à 3 € goûter compris, plus si on veut soutenir le Centre. L’orchestre, toujours le même car redemandé par les habitué.es, ne laisse pas l’ambiance s’endormir. Frédéric, guitariste et chanteur professionnel, a de qui tenir : ses parents, Catherine et Jean-Louis, animaient eux-mêmes un bal. Aujourd’hui, ils n’entendent pas la musique partir sans la suivre.
La vaste salle peut accueillir une bonne centaine de personnes, ce qu’elle fait en saison froide, quand on ne peut profiter de la verdure. Le public compte surtout des retraité.es de plus ou moins longue date, celles et ceux pour qui le bal du dimanche reste une tradition charmante qu’on aurait tort d’oublier. Principalement des femmes. L’éternelle question revient : où vont les hommes seuls ? « On ne les voit pas. ». Auraient-ils peur de se montrer, partageant un plaisir collectif ? « Heureusement, il y a beaucoup de danses en ligne, le sirtaki, le madison, la country... Comme ça, on peut danser quand on est seul.e », optimise Yvette.
Le dimanche inquiète qui est seul.e : « Qu’est-ce que vous voulez faire ?». Au bal, on retrouve une voisine, quelqu’une qu’on a connue dans un « club du 3e âge ». Bien qu’il soit ouvert, insiste Clémence, animatrice au Centre, « à tou.tes celles et ceux qui aiment danser », que l’on retrouve « un peu partout » disent les habitué.es, l’étape de la première fois paralyse les nouvelles venues. Pourtant, souligne Yvette, « c’est aussi bien que les repas. On ne peut pas faire des repas tout le temps ». Sauf si la « digestion » sera facilitée par quelques pas en musique, occasion unanimement appréciée.
Contenter l’envie de bouger, de « se sentir encore vivant.e », donner aux « fervent.es » la possibilité de satisfaire leur passion, qui ne peut s’exercer qu’en compagnie de semblables, sont les motivations de Clémence. Les yeux brillent, cette après-midi-là.