"On vit dans un monde compliqué"
Tous les premiers lundis du mois, un.e avocat.e vient au Lieu
pour soutenir les femmes accueillies dans leurs démarches juridiques.
Deux bénévoles, dont Janine, préparent les
rendez-vous.
Le service s’est mis en place en novembre 2015. Janine et une autre bénévole assurent une permanence à tour de rôle ; elles assistent les avocat.es et servent d’intermédiaires avec les femmes. Elles commencent par vérifier si le problème relève bien du ressort d’un.e avocat.e : « Il y a des choses sur lesquelles on peut déjà aider par nous-mêmes. Par exemple, si une dame étrangère qui ne parle pas très bien français doit prendre un rendez-vous, on peut le faire. » Pour ouvrir un dossier, les bénévoles envoient d’abord au Palais de Justice une fiche anonyme, mentionnant juste le quartier où habite la demandeuse.
Volontaires pour assurer ce service, les avocat.es varient. Elles/ils ouvrent un dossier
très succinct et indiquent s’il y a lieu de prendre ou non un prochain rendez-vous. « Nous n’avons pas connaissance de ce qui se dit entre la personne et l’avocat.e, précise Janine. Nous
faisons un travail de secrétariat pur et simple. L’avocat.e dispose d’une demi-heure par personne. Nous l’aidons en fournissant les documents nécessaires.» Mais les bénévoles sont aussi là
pour « démêler les problèmes » en amont et « réconforter les dames qui ont peur. » Elles ne peuvent pas poser de questions sur les résultats des démarches. Elles espèrent
que les dames leur en parleront car sinon, cela laisse craindre une réponse défavorable.
Janine déplore que désormais, toutes les démarches passent par
l’informatique. « On ne peut plus aller à la Préfecture s’occuper de ses papiers. Déjà, par le téléphone, ça n’était pas facile : faites le 1, faites le 3...» S'expliquer oralement, face à face, demandait de gros efforts. Devant l'ordinateur, que beaucoup de femmes accueillies
ne savent pas utiliser, cela devient un défi inatteignable. « Même pour moi ! La première fois que j’ai traité un dossier par informatique, j’ai dû chercher, je n’ai pas pu finir immédiatement. On vit dans un monde
compliqué », conclut Janine.