Chloé Martin, auteure, comédienne et metteuse en scène
Spectacle "La part égale" au Centre socio culturel de Bellevue en Octobre 2010
Drôlement féministe
Depuis cinq ans, Chloé Martin interprète La Part Egale, un seule-en-scène qu’elle a minutieusement écrit, où l’humour se met au service de l’égalité des sexes.
Justine déménage. Seule, entourée de ses cartons, elle attend le retour de son chat pour partir. « Elle ne fait pas l’état des lieux de son appartement, elle fait l’état des lieux de la société », dit Chloé Martin, auteure et interprète de La Part Egale, « seule-en-scène de théâtre et d’humour sur l’égalité des sexes ». Elle incarne Justine et fait vivre d’autres personnages issus de son quotidien ou de son imaginaire.
Parmi elles, une femme de chambre de l’Assemblée nationale, que l’auteure appelle Madame Pérez. Le nom rend hommage à la concierge du lycée du Bois d’Amour à Poitiers, avec laquelle Chloé Martin bavardait quand elle y était interne, en option théâtre. Déjà, elle travaillait avec des professionnel.les. Elle s’est ensuite formée au Conservatoire de Poitiers, a joué avec de nombreuses compagnies en Poitou Charentes, fait du théâtre de rue… Sa participation à des spectacles de prévention en milieu scolaire l’a convaincue de la nécessité de traiter des relations entre filles et garçons. « C’est ainsi que j’ai décidé de militer au Planning familial, pour faire évoluer les mentalités sur les représentations autour du masculin et du féminin. Et là, j’ai découvert la question des violences faites aux femmes. J’avais 25 ans. » Chloé Martin en aura presque 30 quand, le vendredi 13 novembre 2009, sortira son premier spectacle écrit de sa main, mis en scène par son « accoucheuse » Anne Marcel.
De l’affrontement à la bienveillance
Deux ans de recherches et de moutures de texte durant lesquels elle a « mûri, même physiquement. » Pour exister en tant que femme, au quotidien comme dans le monde du théâtre, Chloé Martin s’était « mise une carapace de battante, grande gueule. Je m’étais construite avec l’idée qu’être une femme était handicapant. Je prenais les devants pour ne pas qu’on m’emmerde. Je bombais le torse, pas pour montrer mes seins mais pour montrer mes muscles. J’ai évolué et ça m’a fait un bien fou. » A l’issue de ses représentations scolaires, elle doit sans arrêt expliquer ce que signifie le féminisme : « Un mouvement d’égalité et non l’inverse du machisme qui est un système de domination. Mes recherches m’ont donné des arguments. Je peux maintenant être dans la patience et la bienveillance. Le rapport frontal ne fait pas avancer le dialogue. » Pendant tout son travail d’écriture, sa « gestation », Chloé Martin n’a pas eu ses règles. Elle en conclut : « Ce ne sont pas nos hormones qui nous gouvernent. Non, la domination de la testostérone n’est pas naturelle ! »
La Part Egale, spectacle follement drôle, rondement rythmé par cette fille de musicien.nes bercée aux Frères Jacques, bénéficie d’une écriture particulièrement soignée : « Je tamise mes mots. Je les choisis pour que mes textes soient justes. » Outre dans les théâtres, on le voit dans des lycées, ou durant des événements comme la Marche mondiale des Femmes, les 6 et 7 juin à Nantes. Il tourne assez bien pour faire vivre trois salarié.es à La D’âme de Compagnie, que Chloé Martin a fondée à Niort après 10 ans de compagnonnage avec Aline et Cie, compagnie d’improvisation théâtrale avec laquelle elle a joué et puisé une bonne dose d’énergie avant de se lancer dans des projets personnels.
En chantier à La D’âme
de Compagnie, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, de Jean-Luc Lagarce, où Chloé
Martin met en scène cinq comédiennes représentant trois générations, donnera sa première le 8 octobre 2015. Et
dans son carnet de notes, patiente la matière d’un nouveau seule-en-scène sur le thème de la culpabilité.