Une certaine conception du développement
Rencontre avec Françoise Verchère, mercredi 18 avril 2012
La construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes implique la destruction de 1 600 hectares de terres à vocation agricole. Françoise Verchère, conseillère générale, ex-maire de Bouguenais, est une opposante de la première heure. L'irréversibilité de l'opération la bouleverse. “Les décideurs de projets sont majoritairement des hommes, plutôt âgés, rappelle-t-elle. Ils imposent leur conception du développement. Ils veulent souvent marquer le territoire, comme si l'environnement était un joujou. Ils ne conçoivent pas l'idée de l'irréversible. Je crois qu'ils ne veulent pas regarder les risques réels. Parce que ça remet en question leur modèle. Ils disent qu'ils prévoient l'avenir... Mais quel avenir ?”
Plus encore que son opposition au projet Notre-Dame-des-Landes, c'est son désaccord profond avec une conception du développement qu'elle juge archaïque, qui l'avait amenée à démissionner en 2010 de sa vice-présidence du Conseil général. Alors chargée de l'environnement, elle y avait beaucoup œuvré en faveur de l'agriculture péri-urbaine. "Depuis que je suis partie, mes successeurs mettent sur ce poste 170 000 € par an, des clopinettes. Mais ils se gargarisent en prétendant que l'agriculture péri-urbaine compensera les destructions provoquées par l'aéroport !", enrage-t-elle.
L'enjeu avancé, le rayonnement de Nantes Métropole, laisse Françoise Verchère de marbre. Elle estime que la côte Atlantique dispose d'aéroports en suffisance. “Le projet ne sert pas l'intérêt général. Rien ne justifie les expropriations, qui deviennent inhumaines.”
Le pugnace mouvement de résistance compte beaucoup de femmes. Une mixité qui, selon l'élue, reflète celle du monde rural où les deux genres partagent le respect de la “terre nourricière”. Dans cette ambiance de solidarité active, elle se souviendra avoir vécu “des moments bien plus merveilleux que ceux passés dans l'hémicycle.“