Concours de mode
Le projet et ses organisatrices
Trois ans de réflexion, dix mois de travail... Chahnez Bouanane et Murielle Modida, 20 ans toutes les deux, ont fait la preuve qu'elles avaient de la suite dans les idées. Avec ce concours, elles défendaient leur passion : la mode.
Elles se sont rencontrées il y a trois ans, à Style Alpaga. L'association offre un lieu convivial aux jeunes filles et jeunes femmes (12 à 28 ans) du quartier Bellevue, à Nantes. Parmi les diverses activités destinées à favoriser leur épanouissement, l'atelier de création textile, permanent, est la plus emblématique. Chahnez Bouanane fréquente le lieu depuis ses douze ans. En 2011, Murielle Modida, qui suit la formation "Métiers de la mode - Vêtement" au lycée professionnel Léonard de Vinci, vient y faire un stage. Les deux jeunes femmes lient connaissance. Déjà, Chahnez Bouanane parle de son projet de concours de mode. Trois ans plus tard, quand elle se sent disponible pour le mettre en œuvre, elle propose à Murielle Modida de s'y joindre : "Je ne voyais qu'elle pour le faire avec moi".
Compétences multiples
A la base de la création d'un concours de mode, il y avait pour Chahnez Bouanane le désir d'y participer elle-même. Elle s'est vite rendu compte que les deux postes étaient incompatibles. Entre fixer et rédiger le règlement, diffuser l'appel à candidature, convaincre des sponsors, composer le jury, accompagner les candidates dans leur travail de création, informer la presse locale, organiser le défilé dans ses moindres détails et en superviser le déroulement, les tâches ne manquent pas.
"Tout de suite, on est allé voir Style !" raconte Chahnez Bouanane. Murielle Modida confirme : "Elles accompagnent des jeunes dans leurs projets, ça leur va bien." Style Alpaga possède en outre une expérience des défilés, pour avoir ainsi partagé les créations des participantes à l'atelier. L'association épaulera le projet durant toutes ses étapes. Zohra Zaouini les oriente vers le festival SPOT, manifestation nantaise qui a pour objectifs de valoriser les projets des jeunes. Outre l'octroi d'une subvention, les complices y gagnent de pouvoir présenter le défilé à l'espace Cosmopolis, en centre ville. Elles obtiennent aussi le soutien financier du jury CLAP (Comité Local d'Aide aux Projets) et de Style Alpaga. En amont, elles avaient amorcé la tirelire en distribuant le journal local.
Une joyeuse ambiance
Pour le reste, elles ont pu compter sur le soutien des copines. En particulier, des coiffeuses et maquilleuses bénévoles, étudiantes ou jeunes professionnelles, qui ont passé l'après-midi du 14
juin à pomponner mannequins, créatrices et organisatrices. Les conditions matérielles n'étaient pas optimales : la situation des "loges", en galerie au-dessus d'une scène occupée par une
représentation de théâtre, imposait de communiquer par chuchotements et de faire taire les sèche-cheveux. Ni ces désagréments ni le stress montant à l'approche du défilé n'ont entamé la bonne
humeur générale.
Les organisatrices avaient anticipé leur rôle de coach aussi. Pas question d'abandonner les concurrentes face à leurs peurs. Veillant à ce qu'elles ne manquent de rien et mettant la main à la pâte, elles ne les ont pas lâchées d'une semelle. Pour détendre l'atmosphère au moment d'entrer en scène, elles avaient leur plan : "On va leur dire que ça n'arrive pas tous les jours et qu'il faut en profiter.", expose Chahnez Bouanane; "On va faire des blagues, on va les faire rire.", complète Murielle Modida. Plus tard, elles consoleront les candidates qui n'ont pas été lauréates, leur rappelant que le jury a souligné la qualité de l'ensemble des tenues présentées.
Le défilé achevé, les Prix remis, la tension retombée, elles s'avouent contentes du déroulement de la journée. L'expérience a été riche d'enseignements. Un seul regret : bien que le concours était ouvert à tous et toutes, aucun garçon ne s'était présenté. "L'année prochaine, peut-être ?", espère Murielle Modida. Car il y aura une deuxième édition, promettent-elles. Aucune des deux n'envisage de se professionnaliser dans la mode. " Si demain, il y avait un autre concours, sûr que j'y participerais, affirme Chahnez Bouanane. Je créé aussi mes modèles. Mais en faire mon métier, non." Elle se destine au tourisme et à l'événementiel. Même son de cloche chez Murielle Modida qui, pourtant, prépare un défilé des modèles qu'elle a créés depuis sa sortie de formation : "Ça reste un coup de cœur. Plus tard, je veux faire du commerce international."
Remerciements
Chahnez Bouanane et Murielle Modida remercient : la ville de Nantes, SPOT, CLAP, Style Alpaga, les membres du jury, les coiffeuses et maquilleuses bénévoles.