Droit au foot
Au Nantes Métallo Sport Chantenaysien, la promotion du foot féminin n’est pas un vœu pieux : elle se traduit par un engagement à accueillir les filles sur le stade.
A l’heure où des millions de fans de foot avaient réglé leur montre sur l’heure des matchs de la Coupe du Monde, les quelque cinq mille joueuses de foot brésiliennes se battaient pour trouver, tout simplement, les moyens de leur pratique[1]. Environ vingt-neuf millions de jeunes filles et de femmes joueraient au foot dans le monde. Mais le poids financier du football masculin écrase toujours le football féminin, boudé majoritairement par les chaînes de télévision. Les footballeuses pros gagnent en moyenne vingt fois moins que leurs homologues masculins. En France, où elles représentent 3% des licencié.es, la Fédération française de football (FFF) a lancé depuis 2009 une promotion du football féminin. La situation progresse lentement. Pourtant quelques clubs y contribuent avec modestie et ténacité.
Ici des plus jeunes en initiation le samedi matin avec l'entraineur Milka Lutonadio.
À quand la mixité ?
Cédric Brechet, animateur au Nantes Métallo Sport Chantenaysien, reçoit des fillettes de 7 à 17 ans désireuses de « faire du foot ». « On ne sélectionne pas, on recrute, précise-t-il. Le foot féminin se développe mais il reste difficile de trouver un endroit pour jouer. » Le club a entamé une démarche volontariste il y a trois ans. « On a commencé avec trois filles, puis sept. Elles ont joué contre des garçons pendant un an et demi. » Pour Cédric Brechet, disputer des matchs le week-end est primordial, pour « prendre du plaisir et progresser. » Faute de clubs féminins, les filles affrontent les garçons. Et pourquoi pas la mixité au sein des équipes ? « C’est possible jusqu’à 13 ans. Après, la règle de la FFF l’interdit. » A 16 ans, les jeunes filles n’auront plus le droit d’affronter une équipe masculine.
Le Métallo a désormais constitué une équipe U18 (moins de 18 ans), déjà bien soudée. Pour permettre l'organisation de matchs, les U18 de Rezé, entraînées par Manuela Guilloux, se joignent à elles. Avec les nouvelles recrues, Cédric Brechet espère pouvoir former une nouvelle équipe de cinq joueuses, de 6 à 9 ans. « Aujourd’hui, je voulais absolument mettre les petites avec les grandes, pour qu’elles voient qu’il y a déjà des filles au foot. » Car pour ces fillettes, revendiquer ce choix sportif encore incongru aux yeux de beaucoup reste difficile.