Zaïdi Diab, musicienne manouche
La Famille Diab en concert, Place des Lauriers à Nantes,
pour la Fête de la Musique 2011.
L'important, c'est l'humain
Violoniste, chanteuse et auteure autodidacte, Zaïdi Diab combat l’intolérance par la douceur. « Avec le sourire, dit-elle, les gens prennent confiance et apprennent à partager. »
Zaïdi Diab est née dans une famille manouche, en France depuis des siècles, qui a souhaité rester fidèle au nomadisme et à ses traditions – et y a brillamment réussi. Mode d’emploi : ouverture. La famille Diab voyage toujours en verdines à chevaux, sur les routes tranquilles, s’arrêtant « là où l’herbe le décide », proposant son spectacle musical et vocal, mais aussi des interventions en milieu scolaire, où les enfants découvrent tant l’histoire du peuple manouche à travers des contes, que les pratiques artisanales de la vannerie, du rempaillage et du remoulage.
Même si elle vole de ses propres ailes depuis trois ans avec le duo Zama, Zaïdi Diab n’a rien abdiqué des valeurs de partage héritées de ses parents.
Musique du cœur
Partie de Camargue à la découverte de la Bretagne, sa famille voyage principalement dans les pays de la Loire. D’abord artisans, les parents vendent des paniers au porte-à-porte. Mais il devient de plus en plus difficile pour les Gens du voyage de vivre de leurs activités traditionnelles. Fini le temps où les Gadjé reconnaissaient leurs savoir-faire et y faisaient appel. Les Diab se reconvertissent dans la musique qui, de toute façon, a toujours fait partie de leur vie. Claudette, la mère, joue de l’accordéon et de la voix ; Jean-Jacques, le père, d’un saxo bambou auto-fabriqué ; les deux garçons Teddy et Cliff, de la guitare ; Joy de la guitare et de la contrebasse ; Zaïdi a choisi le violon et chante.
Elle a appris la musique à 12 ans, « par l’écoute. D’abord reproduire à l’oreille. Puis improviser. Notre musique vient du cœur. Elle n’est pas cérébrale. On joue les mêmes airs de façons différentes, selon les moments. » Elle a toujours chanté en français, « pour être compris du plus grand nombre et porter nos messages en faveur du droit à la différence. »
Zaïdi Diab savoure la chance d’avoir eu « des parents très ouverts d’esprit, contents d’avoir des filles musiciennes. Chez nous, la musique est plus naturellement donnée aux hommes. Bien sûr, les femmes participent à la musique, elles chantent. Mais de là à en faire un métier... »
Zaïdi Diab chante avec
sa mère, Claudette,
à Bellevue en 2011.
Découvrir la poésie de Zaïdi Diab :
Le métissage adoucit les mœurs
En 2010, elle fonde le duo Zama avec Mathieu Layazid, un Gadgo du Nord d’origine marocaine. « Il s’avère que c’est aussi mon mari ! s’amuse Zaïdi Diab. On a eu envie d’aller musicalement l’un vers l’autre, en faisant chacun un pas. Lui, venu du rap, s’est mis à la guitare et a adouci sa musique. Moi, j’ai évolué vers quelque chose de plus textuel. » Ils introduisent dans leurs compositions des rythmes « arabisants », puisent aux sources de la chanson française, du hip-hop et du jazz : « On veut tirer la corde du métissage le plus loin possible. »
Zaïdi Diab s’est sédentarisée. Pas trop non plus. « On a un bout de terrain dans la région nantaise. Mais on vit en caravane ! » Quand ils voyagent pour des concerts, ils s’arrêtent chez « des personnes réseaux », militants du respect de la nature comme elle et sa famille, le « monde bio », résume-t-elle. « Ça n’est plus comme avant. Il faut prévoir le voyage. Politiquement, c’est devenu difficile de trouver des lieux où stationner. La situation a explosé avec la Loi pour la sécurité intérieure votée sous Sarkozy. On avait l’habitude d’être contrôlés. Mais le ton a changé. Si on a pu continuer, c’est parce qu’on est débrouillards. »
Musiciennes – et voilà
Entre concerts, ateliers d’écriture, interventions dans les écoles et les associations, le duo parvient à rester « à peu près cohérent financièrement ». Zaïdi Diab est conteuse « depuis toute jeune ». Comme elle le faisait quand elle tournait avec sa famille, elle propose des contes musicaux manouches. Elle n’en écrit que la trame. Mais projette d’en conserver la trace dans un CD. Le duo travaille aussi à la création d’un spectacle destiné aux enfants. Ils travaillent « comme des artisans. Pas de manager, pas de tourneur. » Ils ont produit eux-mêmes leurs deux albums. « La polyvalence est obligatoire. C’est difficile de vivre de sa musique ».
Hors du giron familial, Zaïdi Diab a dû aussi apprendre à côtoyer un milieu où le besoin de séduction peut s’exprimer crument. « Ça donne parfois l’impression d’un : je claque des doigts et j’ai tout ce que je veux. Le désir de plaire, c’est tellement touchant. Moi-même, quand je monte sur scène, j’ai envie de plaire au public. Mais pas de cette façon. » Conclusion : « Il faut se serrer les coudes là-dessus, toutes autant qu’on est. Pour montrer qu’on n’est pas là pour ça, et de quelle façon on fonctionne. »
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